François Bayrou invite les vétérans de 39-45 à travailler le 8 mai
Alors que son plan prévoit la suppression du 8 mai des jours fériés pour économiser près de 44 milliards d’euros, François Bayrou propose aujourd’hui de faire travailler les vétérans de la seconde guerre mondiale ce jour-là.
C’est dans cet élan d’inspiration budgétaire mêlé à une nostalgie confuse de l’effort national, que le premier ministre a proposé ce matin que les vétérans soient « mobilisés pour contribuer à l’effort collectif » en travaillant le 8 mai, jour de commémoration de la victoire de 1945.
Le premier ministre, qui n’a jamais vu un plan d’austérité sans vouloir y mettre son grain de sel, a fait cette annonce alors que le gouvernement cherche par tous les moyens à combler un déficit public qui dérape.
Dans une interview donnée à Radio Matin Budget , Bayrou a déclaré que « Les anciens ont sauvé la France une première fois. Ils peuvent encore la sauver une dernière fois en participant à l’effort de redressement. »
La déclaration s’inscrit dans un contexte tendu, après avoir annoncé vouloir supprimer deux jours fériés, dont le 8 mai afin de ramener le déficit sous les 4,6 % du PIB, le gouvernement cherche désespérément de nouveaux leviers pour faire rentrer l’argent. Bayrou, fidèle à sa réputation de centriste à vocation morale, propose donc une approche symbolique, celle de transformer les anciens combattants en figures de proue d’une nouvelle « journée de solidarité ».
Selon le premier ministre, les vétérans pourraient être affectés à des missions « légères mais utiles », comme de l’archivage dans les préfectures, la relecture de circulaires ministérielles ou encore du remplacement dans les collèges. L’objectif officiel serait de « recréer un lien fort entre mémoire et action publique ». François Bayrou, lui, ne recule pas : « Il ne s’agit pas d’une obligation mais d’un symbole. Le travail est un hommage. »
Du côté des intéressés, l’accueil est glacial. Marcel, 101 ans, ancien du maquis, déclare : « J’ai sauté d’un avion au-dessus de la Bretagne en 44. Je ne vais pas risquer l’entorse sur un sol ministériel en 2025. » Simone, 99 ans, résistante décorée, propose de son côté d’inverser les rôles : « Si Bayrou veut rendre service, qu’il vienne nettoyer mes volets. »
À ce stade, les vétérans peuvent se rassurer, aucun décret ne les contraindra à reprendre du service. Mais ils auront appris, une fois de plus, qu’en France, même la mémoire n’échappe pas au calcul comptable.